Les monothéismes, passés ou présents, constituent actuellement un sujet de vifs débats à travers le monde entier. Grâce au projet « Revisiter les monothéismes », le LEM essaie d’y prendre part de manière active, en partageant son savoir faire, en faisant connaître les nouveautés de la recherche auprès du ‘grand public’ et en proposant des moments de discussion approfondie et d’échanges.
RÉFLÉCHIR SUR SON PROPRE OBJET DE RECHERCHE
Depuis janvier 2010 (dans le cadre du programme quadriennal 2009-2013), le projet transversal du LEM « Revisiter les monothéismes » assure à notre Laboratoire une présence active sur la scène nationale et internationale en matière de religions monothéistes. Le but de ce projet, qui vient d’être reconduit pour le quinquennat 2019-2023, est d’offrir – à nous, membres du LEM, mais aussi à nos collègues d’autres institutions, ainsi qu’au public cultivé – des occasions privilégiées de réfléchir, de manière ouverte et interdisciplinaire, sans barrières chronologiques et en dialogue avec la communauté savante internationale, sur notre propre objet de recherche.
Mis en place initialement en collaboration avec l’Institut européen en sciences des religions (IESR) et la Section des sciences religieuses de l’École pratique des hautes études, puis avec l’Institut protestant de théologie, ce projet à la fois « identitaire » et de valorisation de la recherche est piloté par Constantinos Macris (CNRS, Université PSL, LEM, LabEx Hastec), en collaboration avec Joëlle Soler (Paris IV – Sorbonne, Université PSL, LEM, Institut d’Etudes Augustiniennes) et Anna van den Kerchove (Institut Protestant de Théologie, LEM).
| Participer activement aux débats actuels sur le(s) monothéisme(s)
L’objectif du projet est double :
– d’une part, mettre à contribution toute la richesse de la tradition du LEM et tout le dynamisme de ses jeunes chercheurs et enseignants-chercheurs, afin de participer activement aux débats actuels sur le(s) monothéisme(s) ; les enjeux sociétaux, politiques et culturels de ces débats, qui ont lieu aussi bien dans les milieux des spécialistes – historiens des religions ou philosophes – qu’au niveau de la société et des médias, atteignent une échelle mondiale ;
– d’autre part, faire interagir et dialoguer le LEM avec la recherche internationale tout en portant à la connaissance d’un public cultivé les tendances actuelles de la recherche en matière de monothéisme(s), en soumettant à la discussion savante des publications récentes parues aussi bien en France qu’à l’étranger.
| Une grande variété de problématiques abordées
Les sujets abordés avec nos invités sont extrêmement variés, notamment :
– les origines polythéistes des religions monothéistes et les traits polythéistes qui y sont préservés ;
– la légitimité de l’expression « monothéisme » (ou « hénothéisme ») païen et le rapport de ce dernier avec le monisme philosophique et la mystique ;
– la triade monothéisme – exclusivisme – violence et l’opposition des orthodoxies à la différence et à l’hérésie, notamment au moyen des canons ;
– le zèle religieux ;
– les controverses doctrinales et la polémique entre judaïsme, christianisme, islam et ‘paganisme’ ;
– le dialogue interreligieux et la recherche des origines communes des monothéismes dits « abrahamiques » ; le rapport entre monothéisme et humanisme, etc.
| Deux volets complémentaires
Le projet comporte deux volets complémentaires : (1) un volet de valorisation visant un public plus large et (2) un volet de recherche.
S’ADRESSER À UN PUBLIC CULTIVÉ
Le projet « Revisiter les monothéismes » offre un cadre approprié dans lequel
– on propose des conférences données par des spécialistes de renom;
– on présente et discute, sous forme de tables rondes, des publications récentes, notamment des ouvrages – individuels ou collectifs, publiés en français ou dans des langues étrangères – ayant eu un impact particulier, scientifique ou social;
– on porte à la connaissance du ‘grand public’ les résultats de colloques spécialisés encore non publiés ou de recherches en cours.
SUIVRE LA RECHERCHE EN MOUVEMENT
Ce projet comporte également un volet de recherche, dont le but est de mettre en dialogue des chercheurs d’envergure internationale en proposant des méthodes de recherche innovantes dans l’étude des monothéismes, anciens et modernes, des approches inédites, des sujets originaux. Y sont privilégiées des thématiques portant sur des points sensibles – surtout ceux qui obligent de tester les limites de notre apparat conceptuel et les frontières disciplinaires –, sur des aspects problématiques ou obscurs et sur des questions ouvertes aux débats d’actualité.
Au sein de ce volet s’inscrivent :
1. une série de journées d’études intitulée “Figures monothéistes du paganisme” (voir ci-après);
2. une journée d’études à contenu historiographique (à venir) portant sur les tentatives d’interprétation monothéiste, par les historiens modernes, de divers phénomènes ou religions polythéistes.
| FIGURES ‘MONOTHÉISTES’ DU PAGANISME
Le débat sur le “monothéisme païen”, notamment de l’Antiquité tardive, réouvert en 2010 grâce à deux grandes publications collectives dirigées par St. Mitchell et P. van Nuffelen, est toujours en cours.
L’intention d’une série de journées d’études ayant eu lieu entre 2014 et 2017 est d’explorer un aspect moins étudié, et plutôt inattendu, relevant de cette thématique, à savoir les modalités selon lesquelles, à des époques différentes, des penseurs appartenant à des milieux et à des traditions que l’on qualifierait, typiquement, de “monothéistes” – judaïsme, christianisme, islam – ont pu reconnaître, ou attribuer, des doctrines proprement monothéistes à des figures de sagesse de la culture et de la philosophie gréco-romaines, voire égyptiennes, donc à des figures “païennes” – telles Hermès Trismégiste, les Sibylles, Pythagore et d’autres présocratiques, ou encore Virgile (la liste ébauchée n’est certes pas exhaustive, mais hautement représentative).
Il s’agit là d’une forme tout à fait particulière de réception de certaines figures vénérables du passé, une réception observable sur la longue durée et dans des aires géographiques et culturelles fort diverses dont il convenait d’étudier en profondeur et au cas par cas : l’origine “païenne” éventuelle, ancienne ou plus tardive ; les modalités précises d’adaptation, d’appropriation et de réinvestissement des ingrédients transmis par les traditions d’origine (voire le processus d’invention pure et simple, au moyen de la pseudépigraphie) dans les textes “monothéistes” qui nous sont parvenus ; le contexte historique et philosophico-théologique dans lequel a pu avoir lieu ce type de ‘transfert’ culturel ; et surtout les motivations et la finalité d’une telle opération qui n’aurait a priori rien d’évident.