Le LEM organise depuis de nombreuses années des rencontres dites "Jeudis du LEM" qui autant d’occasions pour les chercheurs du laboratoire de présenter leurs travaux et de confronter leurs différentes périodes.
Depuis 2015, ces rencontres se sont articulées autour de deux thématiques : Le jeûne et Dieu d’Abraham, qui ont été pensées comme des programmes transversaux du laboratoire.
Cycle « La théologie comme science »
Programme 2021-2022
• 4 novembre 2021
Sylvio De Franceschi : « Théologie, science mystique et scolastique dans
le catholicisme posttridentin (xviie-xviiie siècles) ».
Brigitte Tambrun : « Richard Simon, critique de la théologie savante ».
• 9 décembre 2021
Julie Brumberg-Chaumont : « Retours logiciens sur la théologie comme science ».
• 10 février 2022
Matthew Kapstein : « Le cheminement de la vue (lta khrid) : les manuels de la contemplation philosophique dans le bouddhisme tibétain ».
Constance Arminjon : « Historicité ou pérennité de la science théologique : quelques aspects de la théologie shi’ite duodécimaine à la fin du xxe siècle ».
• 10 mars 2022
David Lemler : « Théologie scientifique et crise de la tradition dans la pensée juive ».
Sophie Nordmann : « L’athéologie d’Emmanuel Levinas ».
• 7 avril 2022
Adriano Oliva : « Les discussions sur les principes de la théologie comme science au xiiie siècle ».
Christophe Grellard : « Un théologien peut-il avoir des opinions ? Jean Mair et l’automne de la théologie scientifique ».
• 16 juin 2022
Vincent Eltschinger : « Dogmatique, exégèse et philosophie en milieu
bouddhique indien ».
Jean-Noël Robert : « La bouddhologie est-elle une théologie ? La réflexion sur les bouddhas et les dieux au Japon ».
Ce programme collectif du LEM consacré à « la théologie comme science » souhaite répondre à l’exigence de considérer, non seulement le fait religieux, mais la rationalité religieuse. Il semble nécessaire de comprendre, non seulement les faits historiques, sociologiques, litté-raires, etc., mais leur sens. La discipline qui en traite a pris le nom de théologie. Cette discipline est devenue, de l’Antiquité à l’époque moderne, et sans doute au-delà, la structure porteuse de la rationalité occidentale. Pourtant, le terme est ambigu. Il désigne tantôt la compréhension d’une religion par elle-même, dans ses propositions fondamentales, tantôt la compréhension du divin par un discours rationnel, qu’il soit extérieur ou non à cette culture ou tradition reli-gieuse. C’est pourquoi une étude de la théologie comme science a un double objet : – étudier comment, d’une part, la spéculation métaphysique sur les dieux, le divin et Dieu, s’est transformée en « science théologique ». Cette spéculation s’est vue couronner, y compris dans la pensée grecque (néoplatonicienne), d’une révélation d’origine divine ; – montrer comment, d’autre part, les religions monothéistes se sont construites en théologies, sur les canons de la rationalité grecque. Cette enquête ne peut manquer d’évoquer trois problématiques : – celle de l’universel et du particulier : les théologies philosophiques sontelles ou non une partie de la philosophie première ? Peut-on considérer le logos grec comme une forme sans contenu, appliquée aux traditions religieuses (juive, puis chrétienne, puis musulmane) comme à un contenu sans forme ? – Celle de la science maîtresse et de la science ancillaire : est-ce la théologie rationnelle qui doit avoir le dernier mot sur la révélation, ou l’inverse, et doit-elle se guider sur elle ?– Celle de l’interprétant et de l’interprété : qui interprète qui ? les récits mythiques, bibliques ou coraniques doivent-ils être mesurés par l’aune de la raison ? Ou est-ce au contraire, la rai-son qui doit s’adapter à leurs récits complexes, voire contradictoires, pour en justifier tous les méandres ? Il importe d’adopter ici une perspective historique, qui ressaisisse continuités et discontinuités de l’Antiquité à l’époque moderne. Le cycle des jeudis du LEM s’efforcera de problématiser la question à partir de cette étude historique au long cours
| Le jeûne
Le programme transversal consacré à la pratique du jeûne dans les trois monothéismes entend ouvrir à une perspective comparatiste une enquête par ailleurs commencée dans le cadre du seul catholicisme latin des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. À scruter le lent et apparemment irrésistible dépérissement des pratiques catholiques du jeûne et de l’abstinence ecclésiastiques, de la tentative de remise en ordre posttridentine à leur effacement pour ainsi dire complet au temps du concile Vatican II, avant le regain limité mais réel que l’on voit se dessiner au tournant des XXe et XXIe siècles et dont il est trop tôt pour savoir s’il est destiné à durer, on se trouve confronté directement au long phénomène de dislocation entre foi et pratiques dont Michel de Certeau a naguère souligné l’importance.
| Dieu D’Abraham, Dieu des philosophes
Le Dieu d’Abraham ne se décline-t-il pas en de multiples acceptions qui sont l’occasion d’autant de conflits religieux et de relations politiques tendues ? La concorde entre les partisans antagonistes du Dieu d’Abraham n’aurait-elle pas toujours besoin d’un Dieu des philosophes ? Inversement, les dieux des philosophes peuvent-ils être disqualifiés par le Dieu unique, celui d’Abraham ? Si les relations entre le Dieu d’Abraham et les dieux des philosophes ont souvent été tendues – ceux-ci étant assimilés aux dieux des païens – les théologiens ont pourtant emprunté à la rationalité philosophique maints attributs permettant de caractériser le Dieu unique. Ainsi, certains admettent que le Dieu de la raison naturelle pourrait préparer à la reconnaissance du Dieu biblique (puis coranique). De surcroît, la philosophie néoplatonicienne s’est dotée de son propre corpus de révélations.