Les chercheurs de cet axe travaillent sur le christianisme des origines à l’époque moderne selon diverses perspectives (exégétique, historique, littéraire, philosophique, doctrinale) dans une visée interdisciplinaire.
Plusieurs membres de l’axe se consacrent à des travaux d’édition, traduction et commentaire de sources majeures, non seulement en latin et en grec, mais aussi en copte et en éthiopien. Ces travaux sont publiés avec une grande régularité, dans différentes collections, françaises ou étrangères, comme le « Corpus Christianorum, Series Latina », « Series Graeca », et « Series Apocryphorum » de Brepols (Belgique), les « Sources Chrétiennes » (Lyon) des éditions du Cerf, la collection « Budé » des Belles Lettres (Paris) ou la « Bibliothèque augustinienne », qui est l’un des fleurons, internationalement reconnu, de cet waxe.
À côté de l’ensemble des travaux personnels des chercheurs, les membres de l’axe sont engagés dans des travaux collectifs qui prennent la forme de séminaires et de journées d’étude, souvent en collaboration avec des collègues étrangers, en vue de la publication de volumes de référence.
– Exégèse et réception de la Bible dans les périodes antique et médiévale.
– Augustin d’Hippone et sa postérité.
– Controverses et histoire de la théologie.
– Pratiques littéraires et faits religieux.
EXÉGÈSE ET RÉCEPTION DE LA BIBLE (en savoir plus)
| Séminaire de travail sur l’histoire de l’exégèse chrétienne latine et grecque
Le travail autour de l’exégèse patristique de l’Epître aux Galates et l’interprétation des récits des apparitions du Christ après la Résurrection dans la littérature chrétienne antique et médiévale a permis de confronter les lectures des auteurs latins et grecs sur des récits assez peu souvent étudiés qui sont au cœur de nombreuses controverses. À partir de 2018, le séminaire se poursuit autour de l’interprétation chrétienne du livre d’Isaïe.
| Éditions de textes exégétiques, de traductions, de commentaires
Les membres de l’axe travaillent sur la traduction de textes bibliques, en particulier la traduction de la Septante d’Isaïe, par Alain Le Boulluec et Philippe Le Moigne (Vision que vit Isaïe) et sur l’édition scientifique des commentaires bibliques médiévaux qui ont fait autorité dans le processus de construction du savoir théologique et religieux.
Dans le cadre de la « Bibliothèque virtuelle des commentaires bibliques », en particulier sur un site dédié en libre accès, sont éditées la Glose ordinaire de la Bible (XIe -XVIe siècle) et la Catena aurea sur les évangiles de Thomas d’Aquin (vers 1262-1268) qui complète et renouvelle la Glose.
L’intervention de plusieurs spécialistes permet de coordonner :
– l’établissement du texte,
– l’identification des sources ‘originales’, des traditions intermédiaires, des traductions latines de « chaînes » gréco-byzantines (principale originalité de la Catena),
– la mise en évidence des différences entre texte critique de la source et texte de la chaîne.
| Histoire de l’exégèse et pratique du commentaire
– Les membres de l’axe participent largement à l’axe transversal « Journées bibliques » organisé par G. Dahan (M.-O. Boulnois, L. Ciccolini, M. Dulaey, A. Le Boulluec, M.-Y. Perrin).
– Des colloques internationaux ont été organisés autour de cette thématique : « Les hébraïsants chrétiens en France au XVIe siècle », « Exégèse, révélation et formation des dogmes dans l’Antiquité tardive », « Philippe le Chancelier » , « La Bible de 1500 à 1535 », « Mise(s) en œuvre(s) des Écritures ».
AUGUSTIN D’HIPPONE ET SA POSTÉRITÉ (en savoir plus)
Les travaux d’édition et de commentaire autour d’Augustin sont publiés dans la « Bibliothèque augustinienne » et dans la « Collection des Études Augustiniennes qui relèvent du Centre d’études patristiques.
La recherche sur la postérité des écrits d’Augustin se traduit par l’établissement de l’édition savante et bilingue du t. 1 de l’Augustinus de Jansénius sous la direction de Simon Icard.
CONTROVERSES ET HISTOIRE DE LA THÉOLOGIE (en savoir plus)
L’étude des controverses constitue dès les origines un axe structurant des recherches menées au sein du LEM : il suffit de citer les travaux d’Alain Le Boulluec ou de Michel Tardieu. L’enquête se poursuit aujourd’hui sur un double plan, philologique, d’une part, avec des éditions commentées de sources majeures et, d’autre part, historique avec une appréhension toujours plus large des structures de controverse dans l’Antiquité tardive. Dans le cas du christianisme, il s’agit de faire pleinement droit à une définition de l’identité chrétienne, affirmée dès le tournant du IIe au IIIe s., sous la forme d’un rejet de la trilogie : païens/juifs/hérétiques.
| Païens et chrétiens
Dans le domaine latin comme dans le domaine grec, les controverses avec les païens feront l’objet d’éditions, et de traductions annotées. L. Ciccolini prépare l’édition du Ps. Cyprien, Quod idola dii non sint, pour le « Corpus Christianorum series Latina », Brepols. M.-O. Boulnois poursuit pour la collection des « Sources chrétiennes » la traduction annotée du Contre Julien de Cyrille d’Alexandrie, en reprenant le texte grec établi par W. Kinzig et Th. Brüggemann (GCS NF 21). Le Contre Julien est un ouvrage en dix livres, dont les cinq premiers sont déjà édités et traduits en français. Le volume II (livres III-V) est paru en 2017. Trois autres volumes sont prévus, comprenant les livres VI-VII, VIII-IX et X et fragments grecs et syriaques. Cet ouvrage est pratiquement notre seul accès au Contre les Galiléens de l’empereur Julien et présente aussi l’intérêt, outre les débats exégétiques et théologiques entre un païen et un chrétien, de constituer une source doxographique majeure pour certaines œuvres philosophiques perdues. L’enjeu des livres VI-VII est de réfuter l’idée que les Grecs auraient reçu davantage de dons que les juifs et les chrétiens ; le livre VIII constitue un traité de théologie trinitaire et christologique prouvant que les chrétiens ne sont pas traîtres à Moïse et sont même en concordance sur certains points avec la philosophie ; les livres IX et X traitent surtout de la position chrétienne face au rituel juif : sacrifices, interdits alimentaires, éternité de la Loi, circoncision, sabbat, mais aussi de quelques questions théologiques, comme la double nature du Christ, et exégétiques, autour du prologue de l’évangile de Jean.
| Orthodoxie et hétérodoxie
Les éditions suivantes sont en cours :
– Clément d’Alexandrie, Stromates III, édition, introduction, traduction (révision de la traduction léguée par C. Mondésert) et commentaire d’A. Le Boulluec et P. Descourtieux, pour la collection des « Sources chrétiennes », aux Éditions du Cerf. Cet ouvrage de Clément est le témoin de tous les débats (avec les gnostiques, avec les disciples de Marcion et avec les tenants d’une ascèse extrême, les « encratites »), au tournant du IIe au IIIe siècle concernant le mariage, dont l’importance n’avait pas échappé à Michel Foucault dans Les Aveux de la chair.
– Hilaire de Poitiers, Fragmenta historica, éd. M.-Y. Perrin, en collaboration avec P. Descourtieux, pour la collection des « Sources chrétiennes », aux Éditions du Cerf. Il s’agit d’une source essentielle pour l’histoire de la crise arienne au IVe s., puisque cette œuvre de controverse, fragmentaire, cite en entier des documents conciliaires ou épistolaires non conservés par ailleurs.
| Histoire de la théologie byzantine
La somme du droit romain, le Code Justinien, a été composée sous l’autorité de l’empereur Justinien. Celui-ci est aussi, ce qui est moins connu, l’auteur d’écrits théologiques, qui fixent la théologie « néo-chalcédonienne », dans le cadre des controverses de la première moitié du VIe siècle avec les monophysites et les nestoriens, et de la condamnation de l’origénisme. Une présentation complète de ces écrits (circonstances, contenu, effets) est fournie par A. Le Boulluec dans La Théologie byzantine et sa tradition (dir. C. G. Conticello), Turnhout, Brepols, 2016.
PRATIQUES LITTÉRAIRES ET FAITS RELIGIEUX (en savoir plus)
| Ascétisme et monachisme
Deux ouvrages marquants pour la définition des modèles de sainteté dans la spiritualité occidentale ont été édités :
– le De habitu uirginum de Cyprien de Carthage, petit traité de discipline ecclésiastique adressé aux vierges de Carthage, qui a connu une grande fortune dans les milieux monastiques. L’édition de ce texte sera poursuivie, avec un volet important sur sa réception dans l’Antiquité tardive et à l’époque médiévale ;
– les trois premiers livres de la Vie de saint Martin de Paulin de Périgueux (Ve s.), qui réécrit à la manière d’une épopée la biographie de celui que Sulpice Sévère avait présenté comme un martyr sine cruore. La traduction annotée des livres IV-VI sera publiée par Vincent Zarini (dans la collection « Sources chrétiennes »).
| Histoire et historiographie
L’usage et l’écriture de l’histoire constituent en contexte chrétien un élément structurant. Des sources essentielles sont ici commentées et étudiées, depuis Eusèbe de Césarée, un modèle pour toutes les tentatives ultérieures de création d’une histoire à référent chrétien, jusqu’à Grégoire de Tours, dont l’œuvre hagiographique est intimement liée à l’œuvre historique. L’œuvre de Corippe, son contemporain, constitue un apport majeur pour l’histoire de l’Afrique du nord au VIe s. Attestée pour la première fois à la fin du VIe s., l’écrit apocryphe Lettre tombée du ciel sur le dimanche signe l’articulation entre histoire et temps chrétiens.
Dans le cadre d’un projet visant à produire une nouvelle traduction commentée de l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe de Césarée est paru en 2012 un volume d’études introductives (Belles Lettres-Morcelliana ; dir. L. Perrone, Bologne). Deux membres de l’axe ont contribué aux études présentant les enjeux philologiques de l’Histoire ecclésiastique : M.-Y. Perrin (sur la question des éditions du livre X) et L. Ciccolini (sur la version latine de Rufin). La traduction et le commentaire du livre X est préparé par M.-Y. Perrin.
D’autres projets sont en cours :
– Grégoire de Tours, Miracles de saint Martin, par Sylvie Labarre (pour les deux premiers livres) avec L. Pietri, coll. « Classiques de l’histoire au Moyen Âge », Les Belles Lettres (édition bilingue). L’évêque de Tours rapporte les miracles du présent, ceux qui se déroulent durant tout son épiscopat. Les parallèles avec les Dix livres d’Histoires sont nombreux, car, pour Grégoire de Tours, historiographie et hagiographie sont complémentaires.
– Corippe, Johannide, 2 vol., dans la Collection des Universités de France, traduction annotée par V. Zarini avec B. Goldlust et Fr. Ploton-Nicollet, membres associés de l’axe. Cette épopée, en cinq mille vers répartis en huit chants, a été composée sous le règne de Justinien dans les années 546-548. Sa finalité est panégyrique : elle répond à la nécessité de reconstruire dans une Afrique exsangue un consensus autour du pouvoir de Byzance.
– Enfin, un projet sur la christianisation du temps dans l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge : rôle et fonction des sermons et genèse et diffusion de la Lettre tombée du ciel sur le dimanche (M.-Y. Perrin).
| Culture antique et culture chrétienne
– Les travaux de l’axe portent sur l’histoire de la transmission des réflexions philosophiques, des savoirs littéraires et des savoir-faire poétiques et rhétoriques, et la conversion éventuelle de la littérature classique par les auteurs chrétiens. Ils donnent lieu à des articles, des journées d’études (ainsi, sur le traité Les spectacles de Tertullien), et des colloques (par exemple « Effets de voix dans l’Antiquité »).
VALORISATION DE LA RECHERCHE
– Dans la prestigieuse « Bibliothèque de la Pléiade » a été publié un ouvrage rassemblant les traductions annotées des textes chrétiens grecs et latins des deux premiers siècles sous la direction conjointe de B. Pouderon, J.-M. Salamito et V. Zarini (Premiers écrits chrétiens, Paris, Gallimard, 2016, LXVI + 1579 pages) avec la collaboration de plusieurs membres de l’axe.
– Publication d’une anthologie des théologiens grecs, latins et syriaques des cinq premiers siècles : Anthologie des théologiens de l’Antiquité, sous la direction d’Alain Le Boulluec et Éric Junod, Paris, Editions du Cerf, 2016 .
LES TRAVAUX DE L’INSTITUT D’ÉTUDES AUGUSTINIENNES (en savoir plus)
Depuis 2002, le Centre d’études patristiques/l’Institut d’Études Augustiniennes est une composante du LEM au titre de Sorbonne Université. Il se consacre à l’édition et à la traduction de l’œuvre d’Augustin dans la Bibliothéque augustinienne, à la publication de la Collection des Études Augustiniennes, de deux périodiques – la Revue d’études augustiniennes et patristiques et les Recherches augustiniennes et patristiques – et plus généralement à l’histoire de la patristique.