Un regard scientifique sur les monothéismes depuis les origines jusqu’à l’époque moderne


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Axe 1 : Livres sacrés et hétérodoxies

par claire - publié le , mis à jour le

Programmes de l’axe 1

Les écritures et leur origine

Porosité des frontières doctrinales

Transgression des normes

L’objectif de l’axe 1 est d’aborder chacun des monothéismes en ses rapports multiples et complexes avec l’autre, que ce soit des courants « hétérodoxes » à l’intérieur d’une même religion ou les influences réciproques entre les différentes traditions religieuses du Moyen-Orient.

Malgré sa structure bicéphale (« Bible : écritures hébraïques et hétérodoxies » / « Islam : doctrines et pensée »), l’axe 1 présente une grande homogénéité. Sa spécificité réside dans le fait que ses membres sont tous des orientalistes maîtrisant des langues proche-orientales antiques, médiévales ou modernes, comme le syriaque, le copte, l’arménien, le géorgien, l’éthiopien, l’hébreu, l’arabe, le moyen-perse et le persan.
Privilégiant une approche philologique et historique, ils s’intéressent avant tout aux sources primaires – écrits religieux, théologiques ou philosophiques issus des trois monothéismes – dont ils préparent des éditions critiques, des traductions et des études doctrinales.

PLUSIEURS THÈMES FÉDÉRATEURS

La recherche menée au sein de l’axe s’articule autour de plusieurs thèmes fédérateurs :
 l’émergence de courants qui sont considérés comme « hétérodoxes » par « l’orthodoxie » dominante ;
 l’apparition d’écrits « apocryphes » qui se démar-quent par rapport aux corpus « canoniques » ;
 la porosité et l’interpénétration entre les différentes traditions religieuses ;
 la continuité historique et doctrinale entre le ju-daïsme, le christianisme et l’islam.

 

L’axe compte actuellement 12 membres statutaires et 25 membres associés, dont un nombre de collègues émérites qui continuent à contribuer activement à la vie de l’axe.

TROIS AXES THÉMATIQUES

| Les écritures et leur origine : regards croyants et regards critiques

Une des priorités de l’axe concerne l’édition et l’étude des corpus religieux, leurs sources, leur rédaction, les processus ayant mené à leur canonisation.
La littérature apocryphe chrétienne, les écritures manichéennes, les corpus gnostiques et hermétiques, les textes de Qumrân, le Coran et le hadith sunnite et shi‘ite sont abordés dans leur continuité et leurs influences mutuelles. Une distinction bien nette est faite entre, d’une part, les conceptions des croyants sur la nature et l’origine de leurs textes sacrés, et de l’autre, les résultats de la recherche scientifique sur les sources et l’histoire de la rédaction de ces textes.

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| Porosité des frontières doctrinales

Cet axe aborde la question des relations entre les monothéismes, dont les frontières ne sont pas si étanches qu’il apparaît à première vue. Il en va de même des différents courants, traditions ou « sectes » qui s’excommunient mutuellement, tout en s’imbriquant étroitement l’un dans l’autre. Ainsi seront étudiées les
frontières doctrinales poreuses entre le judaïsme et le christianisme des origines, les christianismes orientaux, la gnose, le manichéisme, l’hermétisme et la philosophie, le soufisme et le shi‘isme, le shi‘isme et le sunnisme, les différentes branches du shi‘isme, le soufisme et la mystique juive.

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| Transgression des normes : innovations, réformes, subversions

Cet axe pose le problème de la réaction contre la religion établie, qui peut aller jusqu’à l’apostasie et l’athéisme.

Les courants gnostiques et manichéens peuvent être considérés comme des courants subversifs, allant à l’encontre des Églises établies. Les Églises syriaques considérées comme non orthodoxes par l’Église byzantine illustrent elles aussi la transgression des définitions officielles du christianisme de l’empire romain. La transgression des normes établies est également une caractéristique commune des mouvements shi‘ites, qui généralement emploient l’exégèse ésotérique du Coran comme un outil de dissociation à l’égard de l’islam sunnite, ou de penseurs shi‘ites l’utilisant pour rénover ou renouveler leur propre tradition. Le soufisme poursuit souvent un but analogue, en essayant de donner plus de profondeur et de sens à une religion qui risque de devenir purement légaliste.

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L’ÉDITION DE TEXTE ET LE CATALOGAGE DE MANUSCRITS

Plusieurs projets d’édition de textes en copte, arménien, géorgien, syriaque, arabe et judéo-arabe sont et ont été menés avec des membres d’autres équipes ou des collègues étrangers au LEM. À cela s’ajoute un projet de catalogage de manuscrits syriaques et la mise en ligne d’une base de données concernant ces manuscrits.

LES ORIGINES DU CHRISTIANISME ET DE L’ISLAM

Ce thème de recherche englobe des recherches sur la porosité entre le judaïsme et le christianisme des origines, ainsi que l’histoire de la communauté nazoréenne (ou judéo-chrétienne) de Jérusalem au cours des quatre premiers siècles de notre ère.

Si le christianisme est né en une continuité étroite avec le judaïsme ancien, il en va de même de l’islam, qui se situe dans le prolongement du judaïsme et du christianisme. Les origines de l’islam et l’élaboration du corpus coranique, y compris ses sources syriaques et manichéennes, ont fait l’objet de plusieurs études innovantes.

LES COURANTS HÉTÉRODOXES

L’étude des mouvements « hétérodoxes » (mouvements gnostiques, manichéisme, hermétisme, communautés baptistes judéo-chrétiennes et leur influence sur l’islam shi’ite) issus des trois monothéismes se situe au centre des préoccupations de l’axe : les écrits gnostiques coptes découverts à Nag Hammadi en Égypte, la gnose valentinienne et basilidienne, les manuscrits manichéens en langue copte provenant de Kellis dans l’oasis égyptienne de Dakhla, le Corpus hermeticum, les mouvements baptistes dans le judaïsme et le christianisme anciens, dont l’ébionisme et l’elkasaïsme, précurseurs du manichéisme, l’influence de ces courants sur la genèse de l’islam, en particulier sur la prophétologie et l ’imamologie du shi’isme... tous ces sujets donnent lieu à des études savantes.

FIL ROUGE DANS LES PROGRAMMES DU LEM :
LA PHILOSOPHIE NÉOPLATONICIENNE

Le néoplatonisme, de l’Antiquité tardive à l’École d’Ispahan (17e siècle) est comme un fil rouge qui est présent dans les programmes des quatre axes et les relie entre eux. Les orientalistes de l’axe étudient le néoplatonisme en rapport avec les « religions orientales » (Gnose, hermétisme, manichéisme), sa transmission et sa réception dans la philosophie et la théologie musulmanes, latines et juives.

ACTIVITÉS ÉDITORIALES

Les membres de cet axe déploient une intense activité au sein des comités de rédaction de nombreuses collections et revues, tant en France qu’à l’étranger. Ne sont mentionnées ici que les revues et collections dirigées par un membre de l’équipe.
Jean-Daniel Dubois a assuré la direction de la revue Apocrypha. International Journal of Apocryphal Literatures (Brepols) de 2000 à 2015 ;
Simon Mimouni a créé en 2013 la revue Judaïsme ancien/Ancient Judaism (Brepols) ;
– Arnaud Sérandour est directeur de la collection « Bibliothèque de l’École des Hautes Études. Sciences religieuses »(Brepols) depuis 2014 ;
Mohammad Ali Amir-Moezzi a créé, au sein de cette même collection, la série « Histoire et prosopographie de la section des sciences religieuses » ; par ailleurs, il a créé et dirige la collection « Islam : nouvelles approches » aux Éditions du Cerf ;
Rainer Brunner est depuis janvier 2017 rédacteur-en-chef de la revue Die Welt des Islams (Brill).
– Notons enfin la création chez Brill à Leiden d’une nouvelle revue intitulée Shii Studies Review, dont le premier fascicule est sorti début 2017. Cette revue a un ancrage profond dans l’axe : elle est dirigée par deux membres associés, Hassan Ansari et Sabine Schmidtke, chercheurs à l’Institute for Advanced Study de Princeton, et compte dans le comité de rédaction quatre membres de l’axe : Mohammad Ali Amir-Moezzi, Rainer Brunner, Daniel De Smet et Christian Jambet.

Post-scriptum :

Vidéos

J.-D. Dubois :
Aux abords du christianisme


 

D. De Smet :
Porosité et continuité culturelle en Mésopotamie de l’Antiquité à nos jours

 

 

D. De Smet :
La Providence, le destin, le mal et la matière. Commentaires en amont/
en aval d’Avicenne

 

 

M. Amir-Moezzi :
Qu’est-ce que le shi’isme ?