Un regard scientifique sur les monothéismes depuis les origines jusqu’à l’époque moderne


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Controverses et histoire de la théologie

par claire - publié le , mis à jour le

L’étude des controverses constitue dès les origines un axe structurant des recherches menées au sein du LEM : il suffit de citer les travaux d’Alain Le Boulluec ou de Michel Tardieu. L’enquête se poursuit aujourd’hui sur un double plan, philologique d’une part avec des éditions commentées de sources majeures, et d’autre part historique avec une appréhension toujours plus large des structures de controverse dans l’Antiquité tardive. Dans le cas du christianisme il s’agit de faire pleinement droit à une définition de l’identité chrétienne, affirmée dès le tournant du IIe au IIIe s., sous la forme d’un rejet de la trilogie : païens/juifs/hérétiques.

PAÏENS ET CHRETIENS

Dans le domaine latin comme dans le domaine grec, les controverses avec les païens feront l’objet d’éditions, et traductions annotées. L. Ciccolini prépare l’édition du Ps. Cyprien, Quod idola dii non sint, pour le « Corpus Christianorum series Latina », Brepols. M.-O. Boulnois poursuit pour la collection des « Sources chrétiennes » la traduction annotée du Contre Julien de Cyrille d’Alexandrie, en reprenant le texte grec établi par W. Kinzig et Th. Brüggemann (GCS NF 21). Le Contre Julien est un ouvrage en dix livres, dont les cinq premiers sont déjà édités et traduits en français. Vient aussi de paraître le tome 4, l. VIII-IX qui a reçu le Prix André-Germaine Lequeux, décerné par l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres (2022). Il est prévu encore deux volumes comprenant les livres VI-VII et X et fragments grecs et syriaques. Cet ouvrage est pratiquement notre seul accès au Contre les Galiléens de l’empereur Julien et présente aussi l’intérêt, outre les débats exégétiques et théologiques entre un païen et un chrétien, de constituer une source doxographique majeure pour certaines œuvres philosophiques perdues. L’enjeu de livres VI-VII est de réfuter l’idée que les Grecs auraient reçu davantage de dons que les Juifs et les chrétiens ; le livre VIII constitue un traité de théologie trinitaire et christologique prouvant que les chrétiens ne sont pas traîtres à Moïse et sont même en concordance sur certains points avec la philosophie ; les livres IX et X traitent surtout de la position chrétienne face au rituel juif : sacrifices, interdits alimentaires, éternité de la Loi, circoncision, sabbat, mais aussi de quelques questions théologiques, comme la double nature du Christ, et exégétiques, autour du prologue de l’évangile de Jean.

ORTHODOXIE ET HÉTÉRODOXIE

– Clément d’Alexandrie, Stromates III, édition, introduction, traduction (révision de la traduction léguée par C. Mondésert) et commentaire d’A. Le Boulluec et P. Descourtieux, pour la collection des « Sources chrétiennes », Éditions du Cerf. Cet ouvrage de Clément est le témoin de tous les débats, au tournant du IIe au IIIe siècle concernant le mariage (avec les gnostiques, avec les disciples de Marcion et avec les tenants d’une ascèse extrême, les « encratites »).
– Hilaire de Poitiers, Fragmenta historica, éd. M.-Y. Perrin, en collaboration avec P. Descourtieux, pour la collection des « Sources chrétiennes », Éditions du Cerf. Il s’agit d’une source essentielle pour l’histoire de la crise arienne au IVe s., puisque cette œuvre de controverse, fragmentaire, cite en entier des documents conciliaires ou épistolaires non conservés par ailleurs.