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Quid des humanités numériques

par claire - publié le , mis à jour le

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Aujourd’hui, à l’heure des big data et de la numérisation à grande échelle, des masses de données sont désormais facilement accessibles sur Internet, mais aussi analysables, communicables, représentables... La recherche est désormais immergée dans le numérique et ses usages. Il s’agit pour le chercheur d’accompagner ce "tournant numérique" appelé à redéfinir les champs de la recherche, comme ses méthodes et ses réflexes. Ce flux toujours plus étendu et rapide de données demande à être exploité, trié, modélisé… Et cela suppose que certaines questions soient posées au préalable, pour extraire les informations importantes de l’examen de millions et millions de données.

Humanités et numérique font-ils bon ménage ?

L’expression "humanités numériques" rassemble deux termes que tout semble opposer, à commencer par la temporalité que l’un et l’autre exigent. D’un côté un travail d’érudition lent et complexe, qui suppose un temps long, sur plusieurs générations ; de l’autre, un tempo toujours plus rapide qui défie souvent l’entendement, trop souvent sur le mode de l’urgence.

A ceci s’ajoute le problème de la pérennité des savoirs transmis par le numérique. Si le mode de conservation traditionnel a ses limites (inondation, vieillissement, mauvaises conditions d’archivage), il reste pour beaucoup plus sûr que la conservation informatique, car des quantités importantes de données sont aujourd’hui perdues du fait de l’obsolescence des formats et de la disparition de certains supports d’enregistrement. Comment s’assurer que ces données triées, analysées, commentées… ne le soient pas en vain et que les générations suivantes soient encore capables de les consulter ? Et comment s’assurer que tous les chercheurs puissent accéder à ces données, chacun ayant tendance à créer son propre langage, en lien avec sa discipline ?
Ainsi beaucoup voient d’un mauvais œil cette idée d’abandonner le cadre hérité du livre et de l’imprimé.

Des transformations dans les pratiques de la recherche

Il semble aujourd’hui évident que les humanités numériques vont influer sur la manière de faire de la recherche, grâce au développement d’outils informatiques de plus en plus sophistiqués.
Les humanités numériques sont porteuses d’une transformation des pratiques de la recherche. D’autant plus que les récents progrès informatiques, l’implication des chercheurs et leur réflexion critique sur ces nouvelles pratiques ont permis l’émergence de solutions concernant des problèmes tels que l’uniformisation du langage informatique, la perenisation des données ou le stockage de celles-ci sur le long terme.

La TEI

À la question de la "babelisation des langages numériques" et de la pérennisation des données, l’invention de la TEI a apporté une réponse.
> En savoir plus sur la TEI

Qu’est-ce que la TEI ?

Il s’agit d’une norme d’encodage des textes en XML (langage informatique désormais universellement utilisé). La TEI est un langage flexible, basé sur un standart international, qui utilise des éléments communs dans différents domaines scientifiques. Elle propose des normes d’encodage des textes pour analyser la structure et le contenu dans un langage intelligible pour la machine. Il faut baliser le texte, pour annoter ses particularités en décrivant s. Les ordinateurs sont alors capables d’extraire des informations du texte.

La source balisée est indépendante de toute visualisation et peut donc être mise en forme sous plusieurs formats. Elle devient donc indépendante de la plateforme et du logiciel sur lesquels elle sera communiquée. Le lecteur choisit sa visualisation, l’apparence et peut multiplier les types d’éditions (diplomatiques, transcriptions sans édition, interprétative, synoptique, fac-similaire et critique, avec les outils de visualisation). Les modèles traditionnels se mélangent, s’entrecroisent, se conjuguent. Des textes édités en TEI sur le Web sont donc beaucoup plus que de simples éditions.

 

Les humanités numériques, une utopie sur le point de se réaliser ?

Les humanités numériques sont désormais un enjeu stratégique de plus en plus fort, en lien avec l’ouverture des sources de savoirs, la mise à disposition de textes, documents, données. Du point de vue de la connaissance, les humanités numériques sont en quelque sorte l’accomplissement d’une utopie : rassembler tous les textes et documents conservés sur tel ou tel domaine dans une bibliothèque qui permette de les consulter et de les mettre en relation, les comparer, de manière quasi-automatique ; rapprocher les communautés de chercheurs, autrefois isolées, et les faire dialoguer, échanger les bonnes pratiques et les résultats de leur travaux, en modifiant la perspective de leurs recherches et faisant naître de nouvelles questions.
Nous assistons donc à une révolution quant aux modes de diffusion du savoir et aux pratiques de la recherche, grâce aux possibilités offertes par des instruments d’une puissance heuristique qui dépasse l’imagination. Les chercheurs sont désormais amenés à accompagner ce mouvement très profond en publiant les résultats de leur travaux sous forme numérique, sur le Web.

L’essor des humanités numériques a un impact majeur sur les politiques de financement de la recherche

Au problème de la conservation des données, des infrastructures (françaises, européennes, internationales) ont répondu en offrant la possibilité de gérer ces informations dans des structures mutalisées de stockage, de visualisation et de traitement des données (Huma-num, par exemple).

Les revers de ces nouvelles pratiques dans la recherche sont une présence plus forte des contraintes techniques, qu’il faut apprivoiser, à défaut de maîtriser totalement, l’importance grandissante de la dimension économique dans les financements nécessaires à ces politiques scientifiques et la nécessité de construire des infrastructures évolutives pour la recherche en sciences humaines et sociales.

Une nécessaire formation

Si l’on pense que la révolution numérique ne doit pas être laissée uniquement aux mains des techniciens, le chercheur doit désormais avoir dans sa besace des connaissances en informatique nécessaires pour les humanités numériques.
Le chercheur doit pouvoir comprendre les bases du langage informatique, sans cela tout restera pour lui une "boîte noire" et il ne pourra maîtriser ni les questionnements en amont ni les résultats. Il doit avoir a minima des notions de XML, d’html, de TEI, savoir différencier une donnée d’une métadonnée, comment est conçue et construite une base de données et avoir entendu parler des différents langages de programmation et de modélisation, enfin être au fait des possibilités d’exploitation des données XML.
L’EPHE, PSL et les structures françaises, européennes, proposent des formations.

Les humanités numériques sont l’occasion d’élaborer des projets que l’on ne pourrait pas réaliser avec le papier, et de repousser les limites de la technologie, d’inventer quelque chose qui n’existe pas encore.

Post-scriptum :

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